Une petite histoire de la TransV 2016

Voici bientôt 30 ans que la Transvésubienne, TransV comme on l’appelle, existe. Epreuve mythique créée par Georges Edwards en 1988, elle faisait partie de ma liste des épreuves « à faire une fois ». Je m’y étais rendu une première fois en 2012 mais n’avait pas passé une porte horaire... En 2015, je me blessais quelques semaines avant d’y aller et devait ainsi y renoncer... 2016 était donc l’année où jamais! Voici donc l'histoire de ma TransV !


La TransVé, édition 2016

Pour cette édition, la TransV prévoyait différents parcours possibles. Tout d’abord, la TransEnduro qui se déroulait le samedi: départ de Nice pour rejoindre Roquebilière. 65km, pour 2'500 de D+ et 1'900 de D- avec deux spéciales exigentes sur la journée. Puis, le dimanche, il y avait la Trans50: départ de la Colmiane pour rejoindre les hauts de Nice avec un parcours de 59km et 2’350 de D+ et 3'600 de D-. Finalement, l’épreuve reine de la TransV était l’Ultra Trans qui se courait sur deux jours. Le premier jour, le parcours suivait fidèlement celui de la TransEnduro, alors que le deuxième jour il partait de la Colmiane pour rejoindre Nice avec cette fois 66km au programme, 2'850 de D+ et 4'100 de D-.
C’est sur cette fameuse Ultra Trans qu’on avait décidé de se lancer, histoire de se faire vraiment mal. Du coup, vendredi 13 mai on se retrouve à Aigle avec Séverin et Thomas de Joratcycle872, André des Rollingjokers, Flo du Vélo Club Echallens et moi-même pour charger notre fidèle Renault Master que le Cyclophile Morgien nous a une fois de plus gentiment mis à disposition. On récupère Steph du Team Cyclone à Martigny et en route pour Nice.


Après quelques heures de route, arrivée au point de retrait des dossards et de contrôle des bikes. Tout est ok, go direction l’hôtel Ibis Budget de l’aéroport trouver une place pour le bahut et aller manger une morce avant de dormir.


Samedi 14 mai, l’UltraTrans Day 1

Les premiers départs sont donnés à 7h33. Nous, on démarre entre 8h03 et 8h21, suivant dans quelle vague on se trouve. Pour ma part, la course est lancée à 8h12 et André m’accompagne. On remonte Nice le long du Paillon par un faux plat montant pour ensuite bifurquer sur une pente plus raide. Le peloton s’effiloche, on monte à un rythme tranquille et on laisse Flo nous distancer. Après 1h30 environ on arrive au départ de la SP1, on a bien roulé et on a de l’avance sur notre heure de départ. Finalement, on s’élance ensemble André et moi 20 minutes avant l’heure prévue pour garder un peu de marge. Le début de la spéciale est en faux plat descendant, avec quelques relances. C’est sec, ça tabasse la moindre, mais c’est fun. Quand la pente se fait plus raide je lâche un peu les freins, et double quelques concurrents sur un single de folie qui aligne les épingles...j’adore !


Au milieu de la spéciale, une remontée de 60 mètres de D+ sur route avant d’attaquer la descente finale. Cette descente fut un pur régal, des épingles superbes, des pentes raides sur roches où on se demande où rouler, un public au top, des pif paf dangereux mais où tout passe...ou presque ! J’arrive en bas avec la banane, c’était toutefois bien éprouvant, 8km, 800 de D-, 30 minutes de spéciale, mais la journée s’annonce géniale et c’est rien comparé à ce qui nous attend...mais ça je ne le sais pas encore...
Petite pause au ravito, je retrouve Séverin qui veut réparer sa roue libre, Thomas qui a 2-3 bugs sur sa roue arrière également, Flo qui bouffe. Puis arrivent André et Steph. On repart sur la montée suivante, il commence à faire chaud, le début est raide...ça va être dur. J’essaie de crocher les potes, mais mes jambes ne suivent pas et je décide de monter à mon rythme !
Bientôt je retrouve toute l’équipe à l'entrée d'un single plutôt descendant, on attaque la descente pour ensuite remonter d’abord gentiment, puis par un sentier bien raide, jusqu’à rejoindre la route qui nous amènera au ravito. Cette montée aura laissé des traces par sa longueur et sa difficulté, d’autant plus qu’il ne faut pas traîner, le départ de la spéciale est proche et le mauvais temps commence à se faire sentir. Je reprends de l’eau, bouffe 2-3 branches et vais sur la ligne de la SP2 avec Flo. Go départ, début de spéciale superbe en sous-bois, Flo me lâche mais je le rattrape après quelques minutes, il a malheureusement crevé...je continue ma course et là, les choses sérieuses commencent...la descente est ponctuée de petits coups de cul de quelques minutes. C’est dur physiquement et moralement, même si au départ je savais qu’il y aurait 250 mètres de D+ tout au long de cette spéciale. On finira par une belle descente faite d’épingles, de caillasse et de jolies marches pour terminer cette spéciale qui aura duré plus d’une heure. Juste avant la fin, j’entends crier mon nom, je me dis alors que j’ai des fans dans le coin, mais pas le temps de m’arrêter pour signer des autographes. Il reste encore 45 minutes de liaison en montée pour rejoindre Roquebilière, d’abord par la route, pour finalement finir par un sentier extrêmement humide, qui sent bon l’eau stagnante...mmmh, merci Georges, ça rappelle le Paillon !


Arrivé à Roquebilière, fin de cette première journée après plus de 7 heures sur le vélo, et c’est là que je vois que mes fans sont Vanessa et Charlotte, des amies qui sont venues par surprise nous encourager. Au vu de l’orage, on se met à l’abri, on se change vite fait et on prend la navette directement pour monter à la Colmiane. Arrivés là-haut, Thomas nous dégote un Shuttle pour nous amener à notre pension à Valdeblore. En effet, un super bénévole de la TransV accepte de nous emmener à l’arrière du camion jusqu’à l’hôtel pour qu’on ne soit pas obligés de descendre sous le déluge. Ensuite, douche bien méritée pour se réchauffer, on attaque les paquets de chips du bar en attendant le souper. Vanessa et Charlotte nous rejoindront pour le dessert et on part faire une petite marche digestive. Il ne pleut plus, on espère que ça séchera la moindre pour le dimanche.


Dimanche 15 mai, l’UltraTrans Day 2

Réveil à 5h30, ça pique. Les jambes sont encore un peu lourdes, la nuit a été réparatrice, mais à ce moment je ne suis pas certain que ça suffira. On avale le petit déjeuner et on attaque la remontée en direction de la Colmiane à petit rythme pour s’échauffer. Le départ à 7h15 est donné façon Mass’start Mégavalanche ! Je laisse partir, n’essaie pas de me battre dans la 1ère descente, on a encore bien assez d’heures devant nous. Première montée par la piste de ski de la Colmiane, toujours aussi difficile, raide, peu roulante...le peloton s’effiloche et je suis déjà dans les derniers concurrents. Après un peu moins d’une heure de montée, on attaque la première descente. Avec la pluie de la veille, ça me rappelle l’édition de 2012, la descente est toujours aussi boueuse et défoncée, et j’espère que les trails du reste de la journée ne seront pas comme ça.


On rejoint une piste 4x4 et on rattaque une longue montée jusqu’au Mont Tournairet avant de descendre en direction d’Andrion pour y rejoindre le ravito. J’y retrouve Flo qui a de nouveau crevé et qui est bien emmerdé avec une chambre à air déjà percée. J’insiste pour lui en donner une, on répare, et je rattaque la descente suivante avec André. Le début est génial, humide à souhait, avec des épingles serrées et pleins de racines. Je suis au taquet mais une sortie de virage me ramène vite à la réalité, je me retrouve par terre. Je reprends mes esprits et je repars avec André qui a lâchement profité de ma chute pour me rattraper... On rejoint ensuite un sentier montant qui va progressivement nous permettre de rejoindre le Brec d’Utelle.
Là, je monte avec un français exilé au Canada qui participe à sa première TransV. On marche à bon rythme, vélo sur le dos, les crosseux nous dépassent aisément sur leurs vélos. Arrivés au Brec d’Utelle, Flo et André me rattrapent. Je repars quelques secondes après mais n’arrive pas à suivre le rythme. Cette descente qui m’avait paru impossible il y a 4 ans, est un pur bonheur cette fois. Sèche, pleine de cailloux qui roulent, d’épingles, de racines, du pur bonheur. La fin est bien plus roulante et poussiéreuse. Arrivé à Utelle par une descente dans les prés, j’avoue ne pas vraiment comprendre l’idée, mais ça nous permet d’éviter de descendre dans le village par le même chemin que celui qu’on empruntera pour ressortir après le ravito. Je retrouve Benoît, un concurrent que j’avais connu la veille et qui vient de la région de Nantes. Son équipe, les Gadoobike, ont du mérite de se lancer sur une TransV alors que leur plus haute montagne culmine à 50 mètres d’altitude :-) .
On repart ensemble du ravito à 11h10 mais le début de la montée de la Madonne d’Utelle est, comme il y a 4 ans, difficile pour moi. C’est mon coup de mou de la journée. Je ne dois toutefois rien lâcher car la porte horaire au Pont du Cros est à 13h, ça va être dur. La fin de l’ascension se fait par un portage sur un sentier escarpé pour rejoindre la Madonne. Heureusement, la descente à venir est un pur bonheur. Le début, très exposé, passerait sûrement sur le vélo mais je préfère assurer, d’autant plus qu’il y a du monde. Je prends quelques risques dans des dépassements un peu osés, mais bon, il n’y a pas de temps à perdre. C’est de la grosse caillasse, ça glisse, ça roule dans tous les sens, il n’y a pas de place pour une quelconque erreur. Petite remontée sur le Col Ambellarte pour attaquer le reste de la descente. Je me souvenais qu’elle était exigeante, mais pas à ce point. Il y a de multiples relances et je me demande si je vais réussir à passer la porte horaire. Je prends tous les risques, je roule sûrement bien trop vite pour mes capacités, mais ça passe, je ne tombe pas et j’arrive au bout...et là, c’est le drame, il est 13h08 alors que la porte horaire de Pont du Cros a fermé à 13h05...je vois Flo et Séverin au loin, ils ont passé à 12h59 avec Steph. Je discute avec Georges, lui dit que j’ai dû aider un pote à réparer sa chambre à air, il refuse d’abord de me laisser passer, puis sa collègue me dit que je peux y aller. Georges accepte, trace le HC (hors course) qui est sur ma plaque, signe le OK pour continuer et je repars à bloc. Heureusement, tout n’est pas perdu, je pourrais peut-être enfin atteindre Nice en course, depuis tant d’années que je l’espère.


La montée sur Levens est un long portage/poussage. Je m’arrête après quelques mètres, sors un Biberli, le mange tranquillement, et repars dans le dur. Je pousse tranquillement, discute avec un mec qui s’est mis une grosse boite au Brec d’Utelle, me dis que j’ai eu de la chance jusque-là et espère que ça va continuer. La montée est longue, et je pousse pratiquement tout du long. Je vois Levens, je me dis qu’on y est, mais non...ce sacré Georges nous a préparé un rallongi avec une ascension supplémentaire pour rejoindre une petite descente sympathique. Je manque de m’envoyer dans un mur sur la fin, me perds à l’entrée d’Utelle et ne vois pas la bifurcation pour le ravito... Après avoir tourné 5 bonnes minutes je retrouve finalement mon chemin. Il est 15h, je fais le plein de bouffe et d’eau et repars. La prochaine porte horaire est à 17h et il me reste une bonne descente, une ascension dont je ne sais pas la longueur et la descente finale.
C'est dans le stress que j’attaque la descente après Levens, pleine d’épingles poussièreuses, 1-2 mecs qui sont encore là pour nous encourager, c’est cool, j’adore. Ensuite, on rattaque la montée suivante sur une route tranquille. Bifurcation sur une piste. Je dépasse encore quelques concurrents, principalement de la Trans50. Quelques kilomètres plus loin, la pente se raidi et fait place à une petite poussette d'une bonne quinzaine de minutes jusqu’au Mont Cimat. Finalement, place à la descente en direction de la dernière porte horaire d’Aspremont. C’est bien engagé, je manque de me cintrer une-deux fois, mais c’est toujours autant de plaisir.
Je passe la porte horaire à 16h05 avec pratiquement une heure d’avance et retrouve Flo, Séverin et Thomas en semi-sieste à l’ombre du ravito. On mange une morce et on repart tous ensemble pour la dernière ascension de la journée vers le Mont-Chauve. Petite montée, sur sentier, il fait chaud, toujours aussi beau, on tape la discute, on pédale, on pousse, ça passe assez vite. En haut, on laisse Séverin prendre le large pendant qu’on se prépare pour la descente, on part, on roule bien fort, on dépasse Séverin sur ce sentier fait de cailloux pointus qui n’attendent qu’une chose: déchirer nos pneus. Il vaut mieux rouler vite pour se faire secouer le moins possible, et là, après 10 heures de course...Flo crève encore une fois. Du coup Thomas et Séverin continuent pendant que je reste pour assister mon coéquipier de galère. On répare, on pompe un max pour être sûr de pas percer une dernière fois, et on se lance pour le final...cela nous rappelle nos moments de souffrance au Ladakh et notre amitié se renforce encore plus.


J’ouvre la route pour le final, ça tabasse sévère, on donne tout et on se dit qu’on est toujours aussi cons: on est crevé, mais on roule toujours aussi fort en comptant sur notre bonne étoile. Le final de la course se passe en forêt, sur une trail avec des pentes ultra-raides qu’on fait parfois sur les fesses. On sait pas trop si la trail a été débroussaillée le matin même de la course, mais ça en a tout l’air. Dans tous les cas, c’est signé Georges, couillu à souhait pour les dernières centaines de mètres de course.
On atteint enfin la route, remonte quelques mètres et retrouve Séverin qui nous attend pour passer la ligne d’arrivée ensemble. On nous BIP tous en même temps, c’est dans ces moments qu’on se dit que nos amitiés sont bien ancrées, faites pour durer.
On retrouve André qui s’est malheureusement fait arrêter au Pont du Cros, Steph qui termine 5ème et plus de 45 minutes devant nous, Thomas qui vient de finir, Vanessa et Charlotte qui sont toujours là pour nous soutenir ! On pose pour nos fans (bref, 2-3 photos souvenir), on discute avec les gars GadooBike qui n’ont malheureusement pas passé la porte horaire, on bouffe un bout de poulet et boit une bonne bière de la Brasserie du Comté de Saint-Martin de Vésubie offertes par deux charmantes demoiselles.


Charlotte et Vanessa nous proposent de ramener nos sacs à l’hôtel, ce qu’on ne peut refuser. On rentre donc en vélo, le coeur et le dos léger, on traverse Nice par tous les sens interdits possibles et imaginables, et je me dis, cette maudite course est enfin FINIE, je n’aurai plus besoin de revenir l’année prochaine ! =)


L'après course

Le soir, c’est dans un bistrot du centre historique que ça se passe. Bon petit menu de fruits de mer, serveur qui fait des blagues et qui décide de me charier, on rigole, on boit 2-3 verres et c’est l’heure du dodo, la journée a été longue. On finira notre week-end le lundi de Pentecôte par une matinée à la plage, un repas de midi à Finale Ligure avec une pizza et une bonne glace, pour finalement rentrer en Suisse heureux, la TransV c’est fini !


Pour ponctuer le week-end, la Police d’Aigle nous appelle, alors qu’on n’a pas encore passé Aoste, pour nous annoncer que nos voitures sont mal parquées et qu’on a 30 minutes pour les déplacer. Voilà la dernière spéciale du week-end qui s’annonce sévère, on négocie un créneau et on roule au plus vite dans le col pour rejoindre notre destination, dans l’espoir de retrouver nos voitures ! C’est réussi, on a passé la porte horaire avec un certain retard, mais les organisateurs de la spéciale du jour sont sympas, ils nous ont uniquement laissé un petit cadeau sur les pare-brise ! ;-)

Les liens pour tout savoir

  • le site officiel de la TransVé
  • logement à La Colmiane: Le Chalet du Val de Blore avec demi-pension pour la course à 2 kilomètres en dessous du départ !
  • Logement à Nice: on a choisi l'hôtel Ibis Budget proche de l’aéroport, 65 euros la chambre par nuit, correct et propre.

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Liens

Pages citées dans cet article:
  Site officiel de la TransVé
  Le Chalet du Val de Blore